Faut-il avoir peur de la cortisone?

Vous avez des sueurs froides depuis que votre médecin vous a prescrit de la cortisone? Comme tout médicament, elle peut effectivement avoir des effets indésirables, qui dépendent souvent de la dose et de la durée du traitement, mais aussi de sa forme (par voie orale, injection, spray nasal, inhalateur ou crème) et de la sensibilité de chacun. Mais rassurez-vous: les médecins prennent des précautions pour minimiser les risques, en prescrivant la dose la plus faible possible pour la durée la plus courte nécessaire.

Comprimés, injections et traitement long: quelques ajustements

Votre traitement sera long (à vie peut-être), d’où votre "corticophobie"? Parmi les effets indésirables les plus fréquents de la cortisone – plutôt lorsqu’elle est prise sous forme de comprimés ou d’injections – on cite souvent:

• la prise de poids,
• l’augmentation de la glycémie,
• la fragilisation des os,
• et l’estomac irrité.

Attention: on a bien dit "les plus fréquents"! Cela ne signifie donc pas que vous serez forcément concerné(e). En tout cas, la crainte de ces effets indésirables éventuels ne justifie pas de vous passer d’un traitement nécessaire. D’ailleurs, selon votre état de santé, votre médecin minimisera les risques en vous recommandant éventuellement:

• Un régime pauvre en sel, qui peut limiter la rétention d’eau (et donc la prise de poids) et réduire le risque d’hypertension.
• Un régime pauvre en sucre, qui peut éviter/limiter une hyperglycémie et un risque accru de développer (ou d’aggraver) un diabète.
• Un régime riche en calcium, associé à de l’exercice physique régulier, qui peut protéger vos os et réduire le risque d’ostéoporose. Des compléments en vitamine D pourraient également s’avérer nécessaires. Chez les enfants, des compléments en calcium sont parfois recommandés, pour limiter un potentiel ralentissement de la croissance osseuse. Votre médecin n’en a pas prescrit? Parlez-en avec lui!
• Un pansement gastrique, pour protéger votre estomac d’un éventuel ulcère.
• Une prise de vos comprimés le matin, entre autres pour ne pas perturber votre sommeil.

L’inhalateur et le spray nasal, vraiment sans risque?

Si vous appréhendez chaque année le printemps, que vous fuyez le pollen et que les antihistaminiques ne soulagent pas vos symptômes allergiques (le nez constamment bouché, les yeux qui piquent!), votre médecin vous a peut-être prescrit un spray nasal à base de corticoïdes, à utiliser 3 à 10 jours avant d’obtenir une efficacité maximale.

Rassurez-vous: utilisé correctement et sur une courte période, comme lors de la saison des allergies, le spray nasal est généralement bien toléré et il peut même être utilisé à titre préventif. Toutefois, il peut fragiliser la muqueuse nasale et favoriser les saignements du nez. Pour l’éviter, pulvérisez le spray nasal vers les ailes du nez et non vers la cloison nasale. Aussi, pour garantir une efficacité optimale, veillez à bien agiter le flacon avant chaque utilisation, pour une répartition homogène du médicament dans le spray nasal.

Quant au fameux petit inhalateur (ou "puff") que les asthmatiques connaissent bien, ses effets indésirables les plus courants ne sont vraiment pas graves. Vous pourriez avoir la voix rauque ou développer un muguet buccal. Cette infection causée par un champignon se soigne aisément, mais pour l’éviter, rincez-vous bien la bouche à l’eau après l’inhalation.

Et la cortisone en crème?

Les effets indésirables de la cortisone en crème sont aussi moins sévères que ceux des formes orales ou injectables. En cas d’usage prolongé, on peut constater éventuellement un amincissement de la peau, une dépigmentation, des irritations et rougeurs… Ces effets sont souvent réversibles. Votre médecin vous expliquera comment réduire les risques et veillera à vous prescrire ce traitement pour une durée la plus courte possible.

Bien encadré(e) par votre équipe médicale

Ne laissez pas la peur vous empêcher de suivre votre traitement: votre médecin surveillera régulièrement votre état de santé pour détecter d’éventuels effets indésirables. Cependant, il est important que vous signaliez rapidement tout symptôme inhabituel afin qu’il puisse ajuster le traitement si nécessaire. D’où l’importance d’un bon suivi, car même si les corticostéroïdes en spray, en inhalation ou en crème sont conçus pour un usage local, une petite quantité peut être absorbée dans le sang. Lorsque l’usage est prolongé et les doses élevées, leurs effets indésirables peuvent être similaires à ceux des comprimés et injections de cortisone.

Pas d’arrêt brusque

Nous attirons aussi votre attention sur l’importance de ne pas arrêter brusquement votre traitement, sans avis médical. La cortisone ne crée pas de dépendance au sens classique, mais une diminution progressive des doses est nécessaire pour permettre à vos glandes surrénales de reprendre leur fonctionnement normal. Ce "sevrage" sera adapté à votre situation pour éviter tout risque de fatigue ou de malaise.

Un doute ou une question?

Votre pharmacien vous répondra avec plaisir!